Historique
Histoire du RAPMM en 33 degrés
Le Rite de Misraïm
Dès 1796, la campagne d’Italie, menée par le Général Bonaparte, installe durablement des troupes françaises en Italie. Des Frères vont y élaborer progressivement le Rite de Misraïm autour des frères Bédarride. Les frères Bédarride importent en France vers 1815 ce Rite de Misraïm en 90 degrés. Ce rite n’a d’égyptien que le nom, ses références sont purement vétérotestamentaires. Ce Rite va s’éteindre au début du XXème siècle mais sera ravivé plus tard.
Le Rite de Memphis
En 1798 commence la campagne d’Egypte, également menée par le Général Bonaparte, puis confiée au Général Kleber qui fonda la Loge Isis à Alexandrie. On sait peu de cette Loge mais elle fonctionnait probablement au Rite Primitif des Philadelphes fondé par Chefdebien, consul de Narbonne et disparut à la suite de l’assassinat de Kleber en 1800. De retour en France, deux Frères de cette Loge : Gabriel-Mathieu Marconis et Samuel Honis vont fonder avec d’autres Frères en mai 1815 à Montauban la Loge « Les Disciples de Memphis » à l’Ancien Rite Oriental de Memphis. Ce Rite va s’éteindre progressivement. On en retiendra les qualificatifs de Primitif et d’Ancien.
Jacques-Etienne Marconis de Nègre, fils de Gabriel-Mathieu Marconis et de Marthe Nègre, est initié au Rite de Misraïm et va le quitter en 1838 pour créer le Rite de Memphis en 95 degrés, continuation du Rite de son père. Si l’on compare les grades des deux rites de Misraïm et de Memphis de cette époque, on constate que Marconis de Nègre a supprimé tous les grades spécifiques à Misraïm d’inspiration juive (exemples : « Chevalier de la Kanuka » ou « Souverain Prince Talmudim »), et qu’il les a remplacés par d’autres grades d’inspiration hermétiste ou faisant référence à l’antiquité gréco-égyptienne.
Sur l’ordre de Napoléon III, le général Magnan tente de réunir au sein du Grand Orient de France toutes les organisations maçonniques du pays avec des succès divers, mais Marconis de Nègre sollicite et obtient en 1862 de Magnan l’intégration du Rite de Memphis au sein du GODF à condition qu’il ramène son échelle à 33 degrés ce qu’il fait de bonne grâce. Ce Rite va s’éteindre très rapidement en France mais la même année, Marconis de Nègre a transmis la patente à Harry Seymour à New York qui la transmettra à son tour à John Yarker pour l’Angleterre et l’Irlande sous le nom de Rite Ancien et Primitif de la Maçonnerie.
Le Rite de Memphis-Misraïm
John Yarker, dépositaire des patentes de Misraïm en 90 degrés, de Memphis à la fois en 95 degrés et du Rite Ancien et Primitif en 33 degrés, constitue le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm (RAPMM). En 1881, Giuseppe Garibaldi en fut nommé le premier Grand Maître mondial par la plupart des obédiences nationales de Memphis qui subsistaient hors de France, ainsi que par certaines obédiences de Misraïm (notamment l’obédience italienne). Garibaldi mourut un an plus tard en 1882. Selon les époques ou la nécessité, John Yarker utilisera soit le Rite de Memphis-Misraïm selon l’échelle en 95 grades, soit le Rite Ancien et Primitif selon l’échelle en 33 grades (conformément à la nomenclature de 1862).
Durant tout le 19e siècle, toutes les grandes figures révolutionnaires, membres de la Franc-Maçonnerie, d’Auguste Blanqui à Garibaldi en passant par Louis Blanc, ont appartenu soit au rite de Misraïm, soit au rite de Memphis.
Bilan
Nous avons donc au tournant du 20e siècle : un rite « Ancien et Primitif », légèrement adapté par Yarker, qui possède une échelle en 33 degrés initialement intégré au Grand Orient de France mais qui n’est plus pratiqué depuis longtemps ; un rite de Misraïm en 90° degrés, qui disparaît du paysage maçonnique français vers 1900-1905 : enfin un rite de Memphis-Misraïm en 95 degrés. Cependant, suite au Convent maçonnique spiritualiste de 1908 (organisé par Papus à Paris), un « Suprême Grand Conseil du Rite Ancien et Primitif » est installé en France avec Téder (collaborateur de Papus) à sa tête. Jean Bricaud, qui succède à Téder en 1918 dirigera le rite jusqu’en 1934 et décide de revenir définitivement à l’échelle de 95 degrés en consacrant le nom de RAPMM. De Yarker à Bricaud en passant par Papus, Téder et d’autres, le RAPMM prend une orientation nettement ésotériste, spiritiste et parfois occultiste qui se retrouve aujourd’hui encore dans les Obédience du RAPMM en 95 degrés.
Pour mémoire, les rituels du RAPMM pratiqués aujourd’hui en loge symbolique ne sont ni ceux de Misraïm ni ceux de Memphis, mais ceux mis au point par Robert Ambelain et publié en 1988 chez Robert Laffont sous le titre de Franc-Maçonnerie d’autrefois. Cérémonies des rites de Misraïm et de Memphis. Mais il ne touchera pas aux degrés dits supérieurs.
La renaissance
En 1999 des Loges issues du RAPMM en 95 degrés (et anciennement membres de l’Ordre réorganisé par Robert Ambelain) demandent leur intégration au sein du GODF qui répond favorablement. Celui-ci en profite pour réactiver en 2002 les grades dits « Hauts » du rite qu’il possède depuis 1862.
Au cours de l’année 2002, la Grande Loge Mixte de France, fédérant des Loges travaillant au Rite Ancien et Primitif de Memphis Misraïm ( RAPMM ), a présenté au Grand Orient de France le projet de création du Grand Ordre Égyptien Mixte.
Le 28 avril 2003, en présence de représentants du Grand Ordre Égyptien (GOE), le GODF a officiellement donné patente à la GLMF pour la pratique des grades de perfectionnement du RAPMM jusqu’au 33ème et dernier grade de Patriarche Grand Conservateur : échelle établie par Marconis de Nègre et poursuivie par John Yarker.
Le 31 mai 2003, lors d’une cérémonie présidée par le GOE (GODF), le Collège fondateur HERMOPOLIS a été consacré et le GOEM a été officiellement créé.